C'est la comö¨te surprise ! Une belle visiteuse d'automne qui, si les prö©visions se rö©vö¨lent exactes, devrait enchanter les observateurs du ciel. En effet, nous devrions pouvoir la suivre ö  l'å“il nu et aux instruments, de la tombö©e de la nuit jusqu'au lever du jour. En matiö¨re d'astre chevelu, l'emploi du conditionnel s'impose : il est extröªmement difficile de connaö®tre ö  l'avance la forme et la luminositö© d'un corps glacö© qui s'appröªte ö  fondre au Soleil...
On attend pourtant Hartley 2 avec impatience en sachant qu'elle passe "prö¨s" de la Terre et qu'en cas de sursaut d'activitö©, nous serons bien placö©s pour admirer ses jets, sa chevelure et sa queue. Un spectacle magnifique pour le public, mais aussi une belle opportunitö© offerte aux planö©tologues qui pilotent la sonde Epoxi de s'approcher d'un dö©bris de la formation du Systö¨me solaire pour en analyser la composition et la comparer ö  celle des ocö©ans de la Terre. Une grande part de leur eau pourrait bien venir... des comö¨tes.
Si ce vieux dö©bris-lö  nous enchante, ceux dont nous racontons l'histoire dans notre dossier sont moins glamours, mais mobilisent la communautö© spatiale comme jamais. En effet, un peu plus d'un demi-siö¨cle aprö¨s le lancement du premier satellite artificiel, l'espace proche est officiellement "gravement polluö©". Au fil du temps, une ceinture de dö©bris s'est dö©ployö©e sur l'orbite basse et gö©ostationnaire.
De l'ö©caille de peinture au satellite hors d'usage, en passant par un inventaire ö  la Prö©vert de boulons, tournevis et autres morceaux de mö©tal ö  la dö©rive, le constat est aujourd'hui sans ambiguö¯tö© : le point de non-retour est atteint ; il faut intervenir !
Sur le papier, la solution est simple : enlever cinq ö  dix gros objets par an permettrait de stabiliser la situation. Le problö¨me est que ce dö©potoir ö  ciel ouvert n'a encore jamais vu d'ö©boueur. Et pour cause : avant de concevoir un satellite nettoyeur de dö©bris spatiaux, il faut convaincre les pays pollueurs que la coupe est pleine. Que ce volume-lö  n'est pas plus infini que celui des terres, de l'atmosphö¨re et des ocö©ans.
Que l'utilisation de l'espace proche pourrait bientö´t leur öªtre interdite en raison des risques de collisions en chaö®ne entre dö©bris.
La rencontre explosive entre deux satellites y a contribuö©, mais le plus dur reste ö  faire : concevoir un engin capable d'attraper ces "objets non coopö©ratifs" et de dö©sorbiter les corps morts pour les ö©loigner ou les dö©truire.
Notre enquöªte prö©sente les diffö©rentes pistes suivies par les ingö©nieurs pour rö©soudre ce casse-töªte. Armö©s des lois de la physique, mais aussi de cordes, filets, harpons, ventouses et bras mö©caniques, nos Gö©o Trouvetou planchent sur la conception d'un vö©hicule spatial inö©dit, le premier nettoyeur de dö©bris sur orbite.
Mais l'affaire n'est pas seulement technique, elle est aussi morale, juridique et politique.
Prö©server l'environnement spatial est une prise de conscience rö©cente qui doit encore s'imposer. S'il est vrai que, dans notre vie quotidienne, nous ne risquons rien, lö©guer au futur un essaim de dö©bris mortels ceinturant la planö¨te est indigne de notre aspiration ö  lire dans le ciel l'histoire de nos origines. Et une petite comö¨te est lö  pour nous le rappeler.