Surtout, ne boudons pas notre plaisir ! Dans un pays en pleine dÿprime ÿconomique et politique, tourmentÿ par son avenir planÿtaire, la mission Rosetta est LA belle histoire à ne pas rater en cette fin d'annÿe. Et avec la tentative, mi-novembre, de poser le petit robot Philae à la surface de la comÃÅte, nul doute que nous allons vivre un moment ÿpique. Il s'inscrira à coup sÃ'r dans les plus belles pages des livres d'histoire de l'exploration spatiale...
Pour les lecteurs de Ciel & Espace qui seraient partis en vacances sur Mars ou sur la face cachÿe de la Lune, rappelons que Rosetta est une sonde scientifique de l'Agence spatiale europÿenne, construite par les ingÿnieurs d'Airbus Defence and Space, avec une forte contribution du Cnes en France et du DLR en Allemagne pour le pilotage et l'activation des instruments à bord. Lancÿe en 2004, elle s'est placÿe sur orbite dÿbut aoÃ't autour de la comÃÅte Churyumov-Gerasimenko. Un exploit dont il est difficile de prendre la mesure tant le champ gravitationnel de cette boule de neige sale, plus noire que du charbon, et qui "pÃÅse" dix milliards de tonnes pour 4 km de long, est extraordinairement faible. Nous avons alors dÿcouvert un monde minuscule et entiÃÅrement nouveau. Celui d'un gros iceberg en forme de canard de fÃ?te foraine, à la gÿographie tourmentÿe par des falaises, des ogives de glace, des rochers gros comme des maisons et beaucoup d'escarpements. Reliefs sur lesquels les scientifiques se sont penchÿs tout l'ÿtÿ pour choisir un site d'atterrissage crÿdible.
Allons droit au but : tout cela est trÃÅs risquÿ et personne ne sait si Philae rÿussira à se poser. Cette tentative, la premiÃÅre de l'histoire, est un vÿritable casse-tÃ?te. Tout bouge et, une fois lancÿ, l'atterrisseur qui n'est pas pilotÿ n'aura pas de seconde chance. Imaginez un joueur de basket tentant de marquer un point avec un ballon en mouvement, sur un plancher qui se dÿrobe, vers un panneau, un panier et un filet qui tournent... Pis, si la trajectoire calculÿe amÃÅne le petit robot de 100 kg à percuter correctement la surface de la comÃÅte à la vitesse d'un marcheur, il devra alors rÿussir à s'accrocher sur la glace avec ses crocs et ses griffes - des harpons et des vis - pour ne pas rebondir vers l'espace tant l'apesanteur est faible. Sur l'astre glacÿ, il ne pÃÅsera pas plus de 1 gramme... Il y aura de la tension et du suspense, ce 12 novembre, avant de recevoir - on l'espÃÅre - le premier panorama photographique de la surface d'une comÃÅte. Mais quoi qu'il arrive, la dÿmonstration aura ÿtÿ faite qu'un pari sur le futur peut Ã?tre gagnÿ. Qu'il n'est jamais sans risque de miser sur le long terme, mais que pour atteindre des buts extraordinaires, il est nÿcessaire de s'ÿloigner de la grisaille et de la pesanteur quotidienne. Rosetta est la derniÃÅre grande mission spatiale de l'ESA avant longtemps ; espÿrons qu'elle ne soit pas le chant du cygne d'une ÿpoque oÃ? l'on rÃ?vait encore l'avenir.