Russie-France-éducation-Etat
La Russie crée son ENA pour attirer l'élite vers l'administration
Par Amélie HERENSTEIN Russie-France-éducation-Etat
La Russie crée son ENA pour attirer l'élite vers l'administration (PAPIER GENERAL)
Par Amélie HERENSTEIN
MOSCOU, 21 mars 2007 (AFP) - La Russie a inauguré mercredi sa propre version de l'ENA, l'école d'élite des fonctionnaires français, dans l'espoir de rabattre vers son administration publique certains de ses meilleurs éléments, dans un pays où ils ne sont que trop tentés par les sirènes des affaires.
Baptisée Ecole supérieure d'administration publique, cette petite unité est rattachée à la prestigieuse Université de Moscou, mais calquée sur l'Ecole nationale d'administration (ENA) française.
L'idée qui sous-tend sa création est de "former des managers du plus haut niveau qui soient en même temps des experts de la chose publique", a expliqué le directeur de l'ENA française, Antoine Durrleman, lors de la cérémonie.
"Il n'y a pas d'un côté les entreprises, qui auraient besoin d'excellents professionnels, et d'un autre côté l'administration. L'administration, pour être efficace, a besoin de ces professionnels", a-t-il souligné.
Jusqu'ici, aucune formation de ce type n'existait en Russie.
Lancé en 2005, le projet de lancement de l'école a abouti plus rapidement que prévu, d'où le cursus décalé par rapport à l'année universitaire.
L'idée en revient à un ancien élève de l'ENA en France, Vladimir Ieremine, devenu premier adjoint au directeur de l'école. "Il manquait en Russie une élite de l'administration publique", a-t-il souligné.
Il faut dire que la fonction publique a fort à faire pour attirer les têtes les plus pleines. Les salaires qu'elle offre sont généralement très modestes au regard de ce que peut espérer un jeune diplômé dans une grande entreprise russe, alors que l'économie du pays est en plein boom.
Ceux qui fréquentent le nouvel institut visent le plus souvent des carrières politiques.
L'école va "servir l'Etat" et ses diplômés "définiront le niveau de l'administration publique", a souligné le recteur de l'Université de Moscou, Viktor Sadovnitchiï.
L'école, qui opère déjà depuis un mois, ne compte pour le moment que 18 élèves, mais prévoit d'accueillir des promotions de 30, pour un cursus de deux ans articulé autour de la gestion d'Etat, de l'économie, la gestion des ressources humaines, le droit administratif et les langues étrangères.
"L'ENA est le modèle pour les méthodes d'enseignement, la composition des matières et la façon de former les fonctionnaires de haut niveau", explique Petr Melnik, directeur des études de l'école.
Les élèves, sélectionnés par concours, sont déjà diplômés de l'enseignement supérieur, voire déjà dans la vie active.
C'est le cas d'Ittifok Akhmedov, un Tadjik de 31 ans se destinant à une carrière politique dans son pays, qui se félicite du bon niveau de l'enseignement.
L'école, outre le soutien appuyé du gouvernement russe, a reçu celui du milliardaire russe Oleg Deripaska, à la tête d'un immense empire dans l'aluminium. Il a financé la rénovation des locaux de l'école et fournit des bourses à certains de ses élèves.
http://www.afp.com |